Notre village de Marpent est très ancien puisqu’il existait déjà au VIIe siècle.Les historiens divergent sur l’origine du nom Marpent.
Si les uns pensent que le nom de Marpent est composé du préfixe “Mar” (qui signifie ” roc ” en celtique) et de ” PEN” (qui veut dire “élévation” ou “pente” en celtique), d’autres considèrent que le gaulois ” maros ” (grand) aurait donné ” le village des grandes pentes ” mais d’autres encore voient dans le même préfixe ” Mar ” un héritage germanique signifiant ” marais ” à l’image du chemin des Marpiniaux qui part de la commune et conduit aux marais du même nom.
Village aux pentes rocheuses, village des collines ou encore village surplombant les marais… autant de mystères que les étymologistes n’ont pas réussi à résoudre.
La commune fut depuis des temps immémoriaux jusqu’à très récemment (an 2000), le lieu d’un célèbre pèlerinage dédié à la Vierge, sous le vocable de Notre Dame d’Ayde,
Nicolas de Barbençon, le seigneur belge de Marpent (mais aussi de Jeumont, Solre-sur-Sambre et environs) disposait sur les bords de Sambre d’un château fort, le château de Marpynas, au lieu-dit ” la barque “.
Au XIIe siècle, Nicolas de Barbençon, en l’honneur de Notre dame d’Ayde, fonde la Maison destinée aux filles de l’Ordre de Saint-Augustin, une petite communauté de religieuses augustines dont ses deux filles firent partie.
Transplantée ultérieurement à Solre-sur-Sambre, commune belge voisine, cette communauté donna naissance au Monastère de laThure.
Sainte Amalberge, la mère de Saint Emebert, évêque de cambrai, fit du château de Marpynas sa résidence de retraite.
Abondant en serfs et en produits de tous genres, le village fut donné par le Saint Evêque à l’église Notre Dame de Cambrai.
C’est dans ce château de Marpynas que fut entreposé le corps de Saint Emebert, venu de Ham en Brabant jusqu’à ce qu’il fut transporté à Maubeuge pour y être inhumé.
Les habitants édifièrent en 1442 une église (aujourd’hui le chœur avec sa voûte en bois et ses têtes de poutres sculptées) et aménagèrent tout autour un cimetière. Elle abrite un magnifique calvaire qui date de l’époque et la statue en bois peint et doré du XIIIe de Notre Dame d’Ayde, la plus ancienne du département du Nord.
En 1684, par une bulle du pape Innocent XI, fut instituée une confrérie.
A la révolution, les Marpentois manifestèrent contre les moines de l’abbaye de Liessies pour demander une baisse de la dîme.
Au XIXe, le village se développe avec l’extraction mais surtout le travail du marbre sur les bords de la Sambre.
La marbrerie MARMOR (“marbre” en latin) créée par les belges a produit de belles pièces à partir du marbre provenant de Belgique comme le rose de Villers-le-Gambon ou d’Italie comme le blanc du carrare ou encore le
gris- jaunâtre du travertin…
La commune, située sur l’axe ferroviaire Paris-Moscou, connut ensuite une intense activité industrielle avec l’implantation de Baume-Marpent (1882), une usine créée par le belge Clément Delbecque, déjà créateur d’une fonderie à Haine Saint Pierre, près de la Louvière où existe toujours une rue Baume-Marpent.
La troisième sera créée à Morlanwetz.
Ces trois usines vont connaître un destin industriel fulgurant et fabriquèrent sur tous les continents des wagons et des locomotives, mais aussi des gros ouvrages à structure métallique : ponts du Nil, pont du Vandar sur la ligne qui relie Salonique à Monastir en Tunisie, viaducs, basilique du Congo, palais à Heysel, théâtre à Casablanca, tramways qui arpenteront les rues du Caire, de Tien Sin, de Barcelone ou d’Odessa.
En 1896, l’usine Baume-Marpent rachète celle de Morlanwetz et, en 1914, installe une aciérie dotée de fours martin, d’une forge à essieux et d’un laminoir à bandages installé par une firme allemande.
L’objectif était de fournir l’usine en essieux, roues et des pièces moulées. Inaugurée en juillet 1914, l’aciérie cessa son activité trois semaines plus tard, en raison de l’occupation allemande.
Le laminoir fut démonté et ramené en Allemagne.
Marpent compte au début du siècle trois brasseries (brasserie du Progrès, brasserie Hannequart, brasserie l’Alliance rue Pasteur), une fabrique de chicorée (rue Victor Hugo) et une intense activité commerciale.
Après la guerre, le laminoir fut remonté et une nouvelle fonderie fut installée.
Les deux périodes d’après-guerre ouvriront à Baume-Marpent des chantiers importants comme la reconstruction du pont de Rouen.
Au sommet de son apogée, l’usine marpentoise compte plus de 1000 ouvriers et occupe les deux rives de la Sambre, le secteur mécanique sur la rive droite et l’aciérie sur la rive gauche.
En 1951, Baume-Marpent envisage une fusion avec l’Union des constructions métalliques de Sao Paulo au Brésil mais le projet avorte et l’entreprise est reprise en 1956 par les Aciéries Hydrauliques du Nord, filiale du groupe américain “HK Porter Company” le plus gros fabricant de locomotives dont le siège se trouve à Pittsburg.
HK Porter Marpent fermera son aciérie en 1977 et cèdera le secteur mécanique aux fonderies lorraines Gorcy, qui elles-mêmes fermeront en 1979. Il n’empêche, le savoir-faire développé par l’entreprise reste un acquis. L’architecte du bassin olympique d’Athènes des jeux de 2004, Olivier Cnockaert, explique que sa structure démontable en acier trouve son origine dans les principes constructifs de Baume-Marpent.
En Belgique, l’unité ” Baume-Marpent ” a repositionné sa production et fusionne avec la firme Thirion pour devenir le groupe BMT : Baume-Marpent – Thirion, qui produit des objets métalliques et en verre utilisés dans des secteurs aussi différents que l’aérospatiale ou l’emballage de produits cosmétiques et pharmaceutiques.
Son siège social se trouvait à Boechout, près d’Anvers jusqu’à la fin 2004, date à partir de laquelle le groupe s’est séparé de sa division ” tôles ” et a déplacé son siège social à Saint-Denis-Westrem, près de Gand.
Le groupe est implanté dans 12 pays (Europe, Asie, Etats-Unis) et compte 2600 salariés. Il dispose même d’une superbe résidence à AlKharga, en Egypte, qui s’appelle ” Baume-Marpent Resthouse”.
Du matériel ferroviaire de Baume-Marpent- HK Porter reste encore en activité. L’une des machines diesel fabriquées à Baume-Marpent a même servi pour les travaux du TGV Nord.
La plupart du temps, ce matériel a été désaffecté et restauré par des musées comme celui du Tram ardennais, ou des chemins de fer touristiques comme celui du Vermandois ou des Côtes du Nord.
La friche acquise par la commune a été requalifiée grâce à des fonds de l’Etat, de la Région et de l’Europe.Cédée à la communauté d’agglomération Maubeuge Val de Sambre, elle devient l’un des trois sites ” Nature en Sambre ” (avec Leval et Pont-sur-Sambre), reconnu comme un site naturel d’intérêt communautaire, partie intégrante de la Trame verte et bleue de la Région Nord-Pas-de-Calais.
Elle est bordée à la fois par les marais des Marpiniaux (Boussois) et par la vélo-route Paris-Moscou.